Cette thèse de master vise à identifier et à expliquer les stratégies employées, irrégulièrement et chaotiquement, dans l’infrastructure d’un ouvrage aussi énorme que l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Sous la guise d’une encyclopédie, cet ouvrage est, en termes de genres, fort difficile à identifier, mais elle n’est certainement pas une encyclopédie canonique ; un amassement de citoyens de la République des Lettres, un catalogue de genres particuliers pour ce siècle et celui précédant et une panoplie de techniques à tenir le tout en un tout cohérent. Ce qui fait fonctionner l'Encyclopédie comme un texte, et non pas une compilation ou une anthologie, ce sont l'alphabétisation (l’arbitrarisation) de l’ordre du savoir y présenté, et le système de renvois, les deux trouvés au début et à la fin de chaque article ; les cordes et les poutres, ce qui tient ensemble une masse de 20,000,000 mots de l'Encyclopédie, font l’ensemble de cosystèmes qui font ce qu’on propose d’appeler son infrastructure. Dans un ouvrage énorme, peu synoptique, on peut parler d'infrastructure, et d’obtenir des effets à travers cette forme unique. L’Encyclopédie n’est pas à mi-chemin entre les belles lettres et la science (volontairement, on différencie les sciences humaines et les sciences naturelles le moins possible), mais elle est les deux à la fois ; l’un n'exclut pas la possibilité de l’autre dans cet ouvrage.

This master's thesis is an attempt at identifying and explaining the unequal and chaotic form of the Encyclopédie of Diderot and d’Alembert which gives shape to its infrastructure. Under the appearance of an encyclopedia, this work is, in terms of genre, exceptionally difficult to pinpoint, but what is for sure is that it is not a canonical encyclopedia. What it is, is a gathering of the contributors to the Republic of Letters, a catalogue of the genres particular to its century and the preceding century as well as a panoply of techniques used to hold this mass of texts together, into a single, coherent whole. That which makes the Encyclopédie function as a unified text, and not as an anthology of 70,000 articles thrown together, are its alphabetisation (the arbitrary order of the articles) of the order of the knowledge amassed therein, and the system of encyclopedic references, both of which are visible at the tail-end of most articles. The ropes and beams which hold together the 20,000,000 words of the Encyclopédie form, together, the system of co-systems which make up what we propose as being the infrastructure of the Encyclopédie. In a work as vast as this, synoptic only up to a point, one can talk of infrastructure, and of the (para-)literary effects gained by it. The Encyclopédie is not a work half-way between literature and science (and by choice these two magisteria are differentiated as little as possible), as it is the two at once; one does not exclude the possibility of the other.